Le retour de Sébastien Cauet à la radio suscite une vive indignation. L’animateur controversé, mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur mineures, reprendra l’antenne sur Europe 2 dès le 28 avril 2025. Un retour qui fait bondir l'une de ses accusatrices, Mathilde, qui dénonce un profond mépris envers les victimes.
Une annonce choc : Cauet revient malgré sa mise en examen
Ce mardi 15 avril 2025, Europe 2 a officialisé par communiqué le retour de Sébastien Cauet à l’antenne. L’animateur de 52 ans prendra les commandes de la matinale de la station musicale à partir du lundi 28 avril. Il succède à Benjamin Castaldi, remercié après des audiences jugées décevantes.
Alain Liberty, Directeur Général des radios musicales du groupe Lagardère, s’est félicité de ce retour :
"Cauet impulsera à l'antenne une dynamique positive avec l'originalité qu'on lui connaît".
Il sera entouré d'une équipe fidèle : Stouf, Piètre et Corentin, déjà bien connus des auditeurs de ses anciennes émissions.
Mais cette annonce n’a pas tardé à faire réagir. En coulisses, de nombreuses voix s’élèvent, et particulièrement celle de Mathilde, l'une des plaignantes qui accuse l’animateur d’agression sexuelle.
Le témoignage bouleversant de Mathilde : "Une double peine"
Interviewée par Le Parisien, Mathilde, aujourd’hui âgée de 46 ans, n’a pas caché son choc et sa colère.
"J’ai la boule au ventre. Je trouve ça absolument dégueulasse. Il y a une instruction en cours", s’est-elle indignée.
Pour elle, ce retour est une véritable trahison des principes éthiques et une insulte aux victimes :
"Europe 2 insulte les victimes. C’est intolérable, c’est injuste. Je suis très en colère".
Mathilde fait partie des quatre femmes à avoir porté plainte contre Cauet. En décembre 2023, elle avait livré un témoignage glaçant sur des faits présumés survenus en 1997, alors qu’elle avait 18 ans.
Elle raconte qu’à cette époque, elle fréquentait régulièrement les studios de Skyrock où Cauet officiait. Un jour, ce dernier lui aurait proposé de la raccompagner en voiture.
"Avant même que le moteur ne soit allumé, il a sorti son sexe de son pantalon. Il m’a dit : 'Tu n’as pas envie de l’embrasser ?'"
Choquée, elle avait refusé. Cauet, selon ses dires, n’avait pas insisté, mais l’impact psychologique de cette scène reste profond. Ce témoignage fait partie des éléments versés au dossier dans le cadre de la procédure judiciaire.
Une mise en examen lourde de conséquences… ou pas ?
Le 24 mai 2024, Sébastien Cauet est officiellement mis en examen pour des faits de viols et d’agressions sexuelles, impliquant quatre plaignantes. Trois d’entre elles étaient mineures au moment des faits, qui s’étalent sur une période allant de 1997 à 2014. L’animateur conteste fermement toutes les accusations.
Malgré cette mise en examen, la justice a autorisé Cauet à reprendre une activité professionnelle. Le 12 juillet 2024, la Cour d’appel de Paris a estimé que rien ne justifiait, à ce stade de l’enquête, qu’il soit empêché d’exercer son métier.
Son avocate, Maître Jade Dousselin, a déclaré dans un communiqué :
"La justice reconnaît que rien ne justifie que l'on fasse taire un homme présumé innocent. Elle se doit d’être au-dessus des ressentiments et des caricatures confiscatoires de droits fondamentaux".
Une décision judiciaire qui divise
La décision de la Cour d’appel a immédiatement suscité le débat. D’un côté, certains estiment qu’un homme présumé innocent doit pouvoir continuer à exercer tant que la justice ne s’est pas prononcée. De l’autre, des voix s’élèvent contre une forme de banalisation de faits graves, et surtout contre l’exposition médiatique donnée à un homme mis en examen pour des crimes sexuels.
Pour les victimes, comme Mathilde, cette décision résonne comme une profonde injustice.
"C’est une double peine. J’ai porté plainte pour qu’il soit stoppé, pour que ces agissements ne recommencent pas. Et aujourd’hui, il reprend l’antenne comme si de rien n’était."
Une stratégie risquée pour Europe 2
En relançant Sébastien Cauet, Europe 2 prend un pari osé. Sur le plan de l’image, la station risque de subir un retour de flamme médiatique et militant. De nombreuses associations féministes dénoncent déjà cette réintégration comme un affront fait aux victimes de violences sexuelles.
Certaines personnalités du paysage audiovisuel, en coulisses, jugent la décision "malvenue", surtout dans un contexte où la prise de parole des femmes contre les violences est devenue centrale dans le débat public.
L’image du groupe Bolloré, propriétaire de la station, pourrait également être fragilisée par cette polémique, notamment auprès du jeune public et des annonceurs.
Un climat social tendu dans les médias
Le retour annoncé de Sébastien Cauet intervient dans un contexte où la tolérance envers les personnalités accusées de violences sexuelles s’est considérablement réduite. La sphère médiatique est aujourd’hui scrutée de près sur sa capacité à faire preuve d’éthique.
Le cas Cauet rappelle d’autres situations délicates : retour précipité à l’antenne de certaines figures, tensions internes dans les rédactions, colère des auditeurs... Europe 2 risque de devoir faire face à une fronde interne et à une mobilisation sur les réseaux sociaux.
Déjà, certains salariés de la station auraient exprimé en privé leur malaise. Des syndicats pourraient également s’emparer du sujet dans les jours à venir.
Une affaire loin d’être terminée
Le dossier judiciaire est encore en cours d’instruction. Les faits reprochés sont graves, et les témoignages recueillis, nombreux. La vérité judiciaire n’a pas encore été établie. Mais déjà, le retour de Cauet pose une question essentielle : faut-il séparer l’homme de la personnalité publique dans ce type de situation ?
Pour Mathilde, la réponse est claire :
"Il n’aurait jamais dû revenir tant que l’affaire n’est pas jugée. Il a un micro, une influence, une parole publique. C’est dangereux."
L’émotion est vive, la colère palpable. Ce retour à l’antenne pourrait bien être un test grandeur nature pour mesurer la manière dont la société française gère les affaires de violences sexuelles dans les médias.
Conclusion : liberté individuelle ou responsabilité collective ?
L’affaire Cauet soulève une question épineuse : comment concilier la présomption d’innocence et la nécessaire prise en compte de la parole des victimes ? Faut-il laisser un animateur mis en examen continuer d’exercer tant que la justice n’a pas tranché ? Ou bien faut-il faire preuve de précaution, au nom de l’éthique et du respect des plaignantes ?
En attendant, la polémique enfle, et Europe 2 se retrouve dans la tourmente. Le 28 avril, date de retour prévu à l’antenne, pourrait bien être scrutée comme un jour charnière pour la station... et peut-être même pour l’ensemble du paysage audiovisuel français.