Enjoy ! Max Romeo, géant du reggae et voix de la Jamaïque contestataire, s’éteint à 80 ans

Max Romeo, géant du reggae et voix de la Jamaïque contestataire, s’éteint à 80 ans

Publié le : 16-04-2025 11:25 | Catégorie : Stars

Artiste : Max Romeo

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Rédacteur : Julien

Passionné d'actualité musicale et télévisuelle. Je décrypte les tendances musicales et les grands temps forts de la télévision française.

C’est une figure emblématique du reggae mondial qui vient de tirer sa révérence. Le chanteur Max Romeo, connu pour ses textes engagés et sa voix unique ayant porté les espoirs d’un peuple, est décédé ce vendredi 11 avril 2025, à l’âge de 80 ans, des suites de complications cardiaques. Son départ laisse un vide immense dans l’univers de la musique jamaïcaine, mais aussi dans celui de la contestation sociale et de la culture rastafari. Retour sur l’héritage d’un artiste hors du commun, qui a marqué plus de cinq décennies de musique et de luttes.

 

Une légende jamaïcaine s’éteint

Hospitalisé dans la paroisse de Saint Andrew, au sud-est de la Jamaïque, Max Romeo a rendu son dernier souffle dans la plus grande discrétion. Son avocat, Errol Michael Henry, a confirmé son décès dans un communiqué émouvant : « L’annonce de son décès est tout à fait choquante. C’était un parfait gentleman et une âme douce… une légende à part entière ».

Dans le monde du reggae, Max Romeo faisait figure de monument, à l’instar de Bob Marley, Peter Tosh ou Burning Spear. Moins médiatisé à l’international, il n’en était pas moins l’un des piliers du son jamaïcain contestataire. Un artiste à la carrière exceptionnelle, débutée dans les années 60, qui n’a jamais cessé de porter la voix des opprimés et de dénoncer les injustices.

 

Des débuts explosifs avec « Wet Dream »

Né Maxwell Livingston Smith en 1944 à St. D'Acre, un petit village du nord de la Jamaïque, Max Romeo connaît une enfance modeste. Il débute sa carrière dans les années 60 au sein du groupe The Emotions, avant de se lancer en solo. C’est en 1968 que sa carrière prend un tournant inattendu avec le titre « Wet Dream », au contenu sexuellement explicite.

Malgré la censure en Grande-Bretagne, le morceau devient un tube international, atteignant le Top 10 des charts britanniques et y restant plus de six mois. Il fait de Max Romeo une star malgré lui, propulsé sur le devant de la scène pour un titre qu’il considérait comme une satire sociale et non une simple provocation.

Cette chanson marque aussi un tournant dans l’histoire du reggae, ouvrant la voie à un style plus audacieux, entre sensualité et revendication.

 

Un engagement politique profond

Mais c’est véritablement dans les années 70 que Max Romeo devient la voix d’une Jamaïque divisée et agitée. Loin de se contenter de chansons légères, il s’engage pleinement dans la lutte politique. Son deuxième album, « Let the Power Fall » (1971), est un manifeste. La chanson-titre devient l’hymne du Parti National du Peuple (PNP), alors dirigé par Michael Manley.

L’artiste ne cache pas son militantisme, ni ses convictions rastafariennes. Il est convaincu que la musique doit servir une cause, éveiller les consciences, porter les colères d’un peuple victime de pauvreté, de corruption et de violence.

L’ère Lee "Scratch" Perry

Le tournant majeur de sa carrière survient lorsqu’il collabore avec le génial et fantasque Lee "Scratch" Perry, considéré comme l’un des plus grands producteurs jamaïcains. Ensemble, ils réalisent « Revelation Time » (1975) et surtout « War Ina Babylon » (1976), considéré comme le chef-d'œuvre de Max Romeo.

L’album contient le titre « Chase the Devil », l’un des morceaux les plus repris, remixés et samplés de l’histoire du reggae. Cette chanson, avec sa célèbre phrase « I'm gonna send him to outa space to find another race », devient un hymne. Elle sera samplée par The ProdigyJay-ZKanye WestMadness, et figurera même sur la bande originale de GTA : San Andreas, assurant sa postérité auprès des nouvelles générations.

 

Un combat pour la reconnaissance de ses droits

Si la musique de Max Romeo a traversé les décennies, elle n’a pas toujours rapporté à son auteur ce qu’elle méritait. En 2022, à l’âge de 78 ans, l’artiste décide d’entamer une bataille judiciaire contre Universal Music, réclamant 15 millions de dollars de dommages et intérêts pour la gestion et l’exploitation de ses œuvres, notamment « Chase the Devil ».

Sur Instagram, il déclarait alors : « Je ne peux pas entrer dans cette nouvelle phase de ma vie en étant docile et silencieux. Je dois me battre pour ce qui m'appartient de droit ». Ce combat, il l’a mené avec la dignité d’un homme debout, refusant d’être effacé par l’industrie musicale.

 

Une fin de carrière célébrée sur scène

En 2023, malgré son âge avancé, Max Romeo entame une dernière tournée. L’un de ses concerts les plus symboliques est celui donné à l’Olympia à Paris, où il fait ses adieux à son public français, toujours très fidèle. Le reggae n’a jamais cessé de séduire les amateurs de musiques du monde dans l’Hexagone, et la venue de Max Romeo avait été saluée comme un événement.

L’été 2025 devait marquer son retour en France, avec plusieurs dates prévues, notamment au festival No Logo BZH de Saint-Malo. Malheureusement, sa disparition bouleverse ces projets. Mais ses enfants, eux-mêmes musiciens, et les organisateurs prévoient un concert hommage pour faire résonner une dernière fois sa voix et ses messages de paix, d’amour et de résistance.

 

Un héritage immense

Max Romeo, ce n’était pas qu’une voix. C’était un message, une philosophie de vie, un combat de tous les instants contre l’injustice, la pauvreté, l’exploitation. Il a donné au reggae une profondeur politique et spirituelle qui a marqué des générations.

Ses plus grands titres :

  • Wet Dream

  • Let the Power Fall

  • Chase the Devil

  • War Ina Babylon

  • Revelation Time

  • One Step Forward

Ces morceaux continuent aujourd’hui d’être diffusés, remixés, repris. Ils rappellent combien la musique peut être un outil de transformation sociale, un appel à la révolte et à la dignité humaine.

 

Conclusion : Max Romeo, le lion sage du reggae

Max Romeo n’était pas une simple star du reggae. Il était une conscience. Une figure paternelle. Un homme debout dans un monde souvent couché. À l’heure de sa disparition, le monde musical pleure un lion pacifique, un sage combattantdont la voix ne s’éteindra jamais vraiment.

Son œuvre traverse les âges, inspire les artistes de toutes générations, et prouve que la musique, quand elle est faite avec le cœur, peut toucher les âmes pour toujours.

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