Deux ans après sa sortie en salles, "Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu" continue de faire parler de lui. À l’occasion de sa première diffusion en clair sur TF1, ce dimanche 20 avril, Guillaume Canet, réalisateur et interprète d’Astérix, s'est exprimé sur l'accueil glacial réservé à son film, confronté à un véritable paradoxe : un succès commercial d’un côté, et un déferlement de critiques de l’autre. Retour sur un phénomène clivant du cinéma français.

📌 Un film boudé par la critique, mais suivi par le public

Lors de sa sortie en février 2023, "Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu" a été éreinté par la presse spécialisée et une partie du public. Les qualificatifs employés sont sans appel :

• « Jamais drôle » pour Écran Large

• « Pénible et pachydermique » selon Critikat

• « Cruelle déception » pour GQ

• « Un navet à 65 millions d'euros » pour Marianne

• « Le pire du milieu » pour Libération

Pourtant, le film a connu un succès notable en salles :

• 4,6 millions d’entrées en France

• 2,7 millions de spectateurs à l’étranger, dans 41 territoires

📊 Tableau récapitulatif : chiffres et critiques du film

🎥 Un réalisateur sous pression

Interrogé par Allociné en janvier dernier, à l’occasion de la sortie de son thriller "Ad Vitam" sur Netflix, Guillaume Canet est revenu sans détour sur l’accueil réservé à son film :

« C’est la règle, on fait quelque chose, on s’expose (…) Ce que j’ai trouvé injuste, c’est que beaucoup de gens ont parlé du film sans l’avoir vu. »

Pour le réalisateur, les critiques excessives ne reflètent pas totalement la réalité :

« Le film a voyagé à l’étranger, il a rencontré des publics différents. Beaucoup de jeunes viennent encore me dire qu’ils ont adoré. Je ne pense pas non plus que ce soit une sombre merde. »

📝 La comparaison inévitable avec "Mission Cléopâtre"

L’un des handicaps majeurs de ce long-métrage tient dans la comparaison systématique avec "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre" (2002), chef-d'œuvre d’humour d’Alain Chabat. Là où ce dernier avait carte blanche, Guillaume Canet a dû composer avec des contraintes :

« Les gens ne savent pas la cuisine. Alain Chabat, lui, n’avait pas de compte à rendre aux ayants droit. Moi, sur mon film, chaque vanne, chaque virgule passait sous contrôle. »

Il explique que cette surveillance constante a empêché des talents comme Jonathan Cohen, Ramzy, ou Manu Payet de laisser libre cours à leur humour et leur capacité à improviser.

📚 Un scénario original, un pari risqué

Contrairement aux précédentes adaptations en prises de vues réelles qui s’appuyaient sur les bandes dessinées originales, "L’Empire du Milieu" repose sur un scénario inédit. Ce choix audacieux a contribué à dérouter les spectateurs et critiques habitués à retrouver des intrigues connues et des dialogues issus de la BD.

Certains médias ont jugé ce parti pris trop casse-cou :

• "À voir à lire" : « Décevant, long et sans saveur »

• Les Échos : « Un honnête divertissement familial, sans atteindre la folie contagieuse de Chabat »

🎬 Diffusion TV : un second souffle ?

En étant diffusé pour la première fois à la télévision gratuite sur TF1, le film pourrait bien bénéficier d’un nouveau regard, à distance des polémiques de 2023. Sa programmation, accompagnée de la rediffusion des anciens opus, semble vouloir réconcilier le public avec cette superproduction française.

Guillaume Canet, lui, reste philosophe :

« C’était une expérience. J’ai fait du mieux que j’ai pu et j’en suis fier. »

✅ Conclusion

"Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu" illustre parfaitement les tensions qui peuvent exister entre critique professionnelle et réception populaire. Si les médias ont globalement rejeté le film, ses performances en salles, en France comme à l’étranger, ainsi que son succès auprès des plus jeunes, témoignent d’un attachement persistant du public pour les aventures d’Astérix et Obélix.

L’expérience de Guillaume Canet met aussi en lumière la complexité de produire une œuvre sous licence, soumise à des contraintes artistiques et juridiques, dans un contexte où la nostalgie et les attentes du public restent très fortes.

Un film clivant, mais loin d’être oublié.