Ce jeudi 17 avril, Bertrand Chameroy, qui remplace temporairement Matthieu Noël dans le billet humoristique de 7h55 sur France Inter, n’a pas mâché ses mots. Sa cible du jour ? Le traitement médiatique très appuyé de la sortie de prison de Pierre Palmade par BFMTV. L’humoriste, condamné à deux ans de prison ferme après le grave accident qu’il a causé en février 2023, a quitté le centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan pour purger sa peine sous bracelet électronique. Une sortie suivie en direct et largement commentée par la chaîne d’information en continu.
Une critique acerbe de l’emballement médiatique
Dès le début de sa chronique, Chameroy n’a pas hésité à qualifier la scène de “moment de télé qui fera date”, pointant du doigt l’ampleur donnée à cet événement par les équipes de BFMTV : “Des vautours.” Selon lui, la chaîne aurait sauté sur l’occasion pour faire de l’audience, au détriment de l’information de fond. Il ironise :
“Pierre Palmade a regagné son domicile, et il n’en fallait pas plus pour que BFMTV casse son antenne et nous offre l’un de ces moments télé qui fera date.”
Alors que Pierre Palmade sortait discrètement par une porte secondaire pour échapper aux caméras, BFMTV diffusait en boucle les images de son retour chez lui, avec des journalistes postés devant son domicile pour commenter chaque instant, en direct.
Un jeu de questions (faussement) naïves
Dans un style bien à lui, Bertrand Chameroy a interpellé ses auditeurs avec une fausse devinette grinçante :
“Pour quelles raisons BFM a-t-elle déclenché une priorité au direct hier à 9h42 ?”
Réponse A : parce qu’Israël et la Palestine ont décidé de faire la paix.
Réponse B : parce que Nicolas Dupont-Aignan a tenu un propos sensé.
Réponse C : parce qu’on peut faire un peu de people bien crado, alors on ne va pas s’en priver.”
Sans surprise, le chroniqueur annonce que la bonne réponse est la C, dénonçant un voyeurisme médiatique qu’il juge déplacé : une simple porte qui s’ouvre, un homme sous bracelet électronique qui rentre chez lui, voilà l’“événement” du jour pour certains plateaux télé.
Une moquerie bien sentie sur le traitement éditorial
Chameroy a poursuivi en soulignant l’absurdité de la couverture de l’événement. Il a souligné que le nom “Pierre Palmade” a été répété 172 fois sur BFMTV en moins de 24 heures. Un chiffre qui, selon lui, en dit long sur la dérive people d’une chaîne pourtant spécialisée dans l’information. Avec humour, il lance même :
“N’hésitez pas à nous rappeler dès que Pierre Palmade sort de la maison de Pierre Palmade pour aller faire des courses pour remplir le frigo de Pierre Palmade.”
Dans une ultime pirouette, il imagine même qu’un “spécialiste des portes” aurait pu être invité pour analyser la serrure du domicile de l’humoriste – une image caricaturale mais qui en dit long sur la tendance à la surenchère dans le traitement de certaines informations.
Une chronique applaudie dans un contexte tendu
Le billet de Bertrand Chameroy a fait mouche et déclenché de nombreux rires dans le studio de France Inter. Derrière l’humour, il pose une vraie question sur la place du sensationnalisme dans les médias d'information continue. Faut-il tout filmer ? Tout commenter ? Jusqu’à quelle limite peut-on aller sous couvert d’informer ?
Alors que l’affaire Pierre Palmade reste un sujet sensible mêlant justice, drame humain et notoriété publique, le regard critique de Chameroy vient rappeler que la manière dont les médias choisissent de couvrir ces événements en dit parfois long sur leurs priorités... et sur les attentes supposées de leur audience.
Une chose est sûre : Bertrand Chameroy a trouvé le ton juste pour provoquer à la fois le rire et la réflexion.