Elle était “simply the best” : la carrière de Tina Turner en 5 tubes de légende

“River Deep, Mountain High” (1966)

Née Anna Mae Bullock le 26 novembre 1939, la future diva de la soul et de la musique rock, décédée à 83 ans ce mercredi 24 mai, a souvent raconté se souvenir avoir travaillé dès son plus jeune âge dans les champs de coton de son Tennessee natal. La passion de la musique ? Elle s’est injectée en elle grâce à la spiritualité, lorsqu’elle intégra la chorale de l’église baptiste de Nutbush. Sa rencontre, décisive, avec Ike Turner se produit un soir de 1957 dans un club de jazz d’East St. Louis qu’elle avait l’habitude de fréquenter avec sa soeur. Durant un interlude, le batteur du groupe Kings of Rhythm lui tend le micro et elle chante la ballade “You Know I Love You” de B.B. King : stupéfait, Ike Turner lui demande de rester chanter plusieurs chansons. Les prémices d’une relation fusionnelle, passionnelle mais destructrice, qui fera naître leurs premiers succès en duo sous le nom Ike et Tina Turner, comme “A Fool In Love” (1960) et “I Idolize You” (1961). Mais c’est avec “River Deep, Mountain High” que le couple va accéder à une renommée internationale. La chanson, co-écrite et produite par Phil Spector, ne fait pas grand bruit aux Etats-Unis à sa sortie mais suscite un engouement inattendu au Royaume-Uni, où elle atteint la 3ème place des charts. Un carton qui se concrétisera par une tournée avec les Rolling Stones en 1966 !

Au fil des décennies, “River Deep, Mountain High” a été repris par de nombreux artistes comme Céline Dion sur son album “Falling into You” en 1996, une version devenue incontournable dans les concerts de la star canadienne. Bien des années plus tôt, en 1971, une autre vedette de la chanson française avait adapté le morceau : il s’agit de Claude François, sous le titre “Combien de rivières” !

“Proud Mary” (1971)

“Proud Mary” (qui ne s’appelle pas “Rolling On The River”…) n’est pas à l’origine un titre d’Ike et Tina Turner mais du groupe de rock américain Creedence Clearwater Revival. Sortie en janvier 1969, la chanson suscite une frénésie instantanée et atteint la première place du Billboard Hot 100. Hélas pour le quatuor, la postérité retiendra essentiellement la version interprétée, avec une énergie complètement dingue, par l’icône. Elle fut commercialisée deux ans plus tard à l’initiative d’Ike, qui ne portait que peu d’estime au titre original mais avait toutefois été intrigué par une reprise signée Checkmates, Ltd. Le musicien, entouré de Soko Richardson, en modifie complètement la structure pour en faire cet hymne lancinant, avec cette introduction mythique de Tina Turner prévenant le public que le titre va commencer « nice and easy » puis devenir « nice and rough » avec un « finish rough » : « This is the way we do “Proud Mary” ». La messe était dite ! La version d’Ike et Tina Turner, quatrième des charts US, remportera le Grammy Award pour la Meilleure performance vocale R&B. Avec “River Deep, Mountain High”, le titre “Proud Mary” est d’ailleurs intronisé au Grammy Hall of Fame.

“What’s Love Got To Do With It” (1984)

Sur fond de l’addiction à la cocaïne du musicien, la romance entre Ike et Tina Turner tourne à la relation toxique. Disputes et violences deviennent le lot quotidien de la chanteuse, prise au piège d’une spirale infernale dont elle réussit à se défaire à la lueur d’une altercation sanglante, le 1er juillet 1976, peu avant un show à Dallas. Tina Turner fuit son bourreau avec le visage tuméfié et, selon la légende, 36 centimes en poche. Réfugiée chez des amis, elle demande le divorce le 27 juillet 1976 pour « différends irréconciliables », et met ainsi fin à l’un des duos les plus emblématiques de la musique américaine. Comment rebondir ? Tina Turner, convertie au bouddhisme, a une foi inébranlable en son talent. Un an plus tard, en 1977, elle réapparait à Las Vegas avec une image plus sexy et des costumes flamboyants signées Bob Mackie. Mais ses albums solo “Rough” et “Love Explosion” sont des échecs. Il faut attendre 1984 et son cinquième album “Private Dancer” pour qu’elle signe un retour tonitruant avec “What’s Love Got To Do With It”, chanson passée des mains de Cliff Richard à Phyllis Hyman puis Donna Summer – qui en fait l’impasse – avant d’atterrir sur le bureau de Roger Davies, le manager d’Olivia Newton-John qui a repris sa carrière en main. Même si la star déteste le morceau, le single lui offre la résurrection tant attendue. Il restera trois semaines en tête des charts américains et lui vaudra trois Grammy Awards : Meilleure performance pop vocale, Enregistrement de l’année et Chanson de l’année.

“The Best” (1989)

On le sait peut-être peu mais “The Best” est une chanson… de Bonnie Tyler. L’artiste galloise, qui a fait chavirer la planète entière avec son tube “Total Eclipse of the Heart” en 1983, enregistre en 1988 ce titre puissant, écrit par Mike Chapman et Holly Knight, pour son album “Hide Your Heart”. A la clé ? Un désamour du public britannique, même si la chanson suscite la ferveur en Norvège ou en Italie. Un an plus tard, Tina Turner approche l’autrice Holly Knight pour en faire une reprise en réclamant un pont supplémentaire et un changement de tonalité, afin d’en faire l’un des titres phares de son album “Foreign Affair”. Bingo ! Produite par Desmond Child, cette cover devient l’une de ses chansons signatures. « J’ai enregistré “The Best” deux ans avant Tina Turner et elle a eu un succès dans le monde entier. Mais elle m’a tout simplement redonné confiance dans mes choix. Et je dois être honnête, elle l’a fait bien mieux que moi ! » confiait Bonnie Tyler au magazine Out In Perth en 2017. Classé 5ème au Royaume-Uni, 15ème aux Etats-Unis ou 23ème en France, le titre est souvent appelé, à tort, “Simply The Best”, qui n’est qu’une phrase du refrain. Une confusion entretenue par la suite par de multiples sorties autour de la discographie de Tina Turner.

“GoldenEye” (1995)

Hautement charismatique, avec sa chevelure flamboyante et son jeu de jambes bouillonnant, Tina Turner a souvent fait de l’oeil au cinéma. Le public s’en souvient sûrement, la star tient l’un des premiers rôles du film “Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre” (1985), le troisième volet de la saga de George Miller avec Mel Gibson. Elle y incarne, dans une cotte de mailles saillante, la dénommée Tante Entité, une femme de poigne à la tête de la Ville du Troc qui va engager le mercenaire. Pour la bande originale, Tina Turner avait enregistré “We Don’t Need Another Hero (Thunderdome)” et électrisé les charts, décrochant la 2ème place du Hot 100 américain. Un mariage entre les arts réussi qui l’a poussée à accepter, en 1995, de donner de la voix – et quelle voix ! – sur “Golden Eye”, premier film de la saga James Bond à mettre en vedette l’acteur irlandais Pierce Brosnan.

Le générique du même nom, aussi glamour que mythique, a été écrit par… Bono et The Edge du groupe U2. Si le titre fait un four aux Etats-Unis, il déchaîne les foules en Europe et atteint le top 5 des meilleures ventes en Hongrie, France, en Autriche, en Italie, en Suisse et même en France. Il fait aujourd’hui partie intégrante du panthéon des musiques de films. 007 vise toujours dans le mille !

Yohann RUELLE

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